Ecoutez Marjory vous raconter ses deux journées de randonnées fantastiques sur le chemin de Compostelle en direction du Quercy Blanc. Bien des surprises se sont révélées au cours de son voyage, et c'est avec plaisir qu'elle nous raconte ses superbes épopées.
La sortie de Cahors : réalité délicieuse ou rêve exquis ?
Le commencement de ma randonnée en direction du Quercy Blanc est un moment particulièrement fort et émouvant pour moi. En effet, la sortie de Cahors m’a offert bien des surprises et je garderai toujours en tête le souvenir de cette matinée magique.
La découverte du pont Valentré
Nous sommes au tout début de la journée, il est sept heures. Je marche dans les ruelles étroites du centre historique de Cahors afin de retrouver les fameuses coquilles Saint-Jacques qui m’indiquent que je suis de nouveau sur le GR65. Tout est calme, seul le bruit de mes pas sur les pavés de la ville et les premiers chants des oiseaux parviennent à mes oreilles. Ce silence est appréciable, et jamais je ne me suis sentie aussi détendue et en phase avec moi-même.
J’arrive au Pont Valentré, la porte de sortie de l’ancienne cité cadurcienne au charme indéniable. Je reste bouche bée à la vue de cet édifice classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Le soleil levant inonde d’une couleur dorée les tours de défenses, embellissant ainsi ce majestueux monument ô combien déjà sublime. La splendeur de cet instant me convainc presque de rester postée là pour continuer à admirer la scène. Mais « el camino » m’attend.
Je traverse donc l’édifice afin de poursuivre mon chemin. C’est en passant sous l’une de ses tours de défenses que j’aperçois alors qu’une mystérieuse créature m’observe immobile. Il s’agit du fameux diable du pont Valentré, dont la légende raconte qu’il aurait participé activement à la construction de l’édifice suite à un pacte qu’il aurait établi avec l’architecte de l’époque.
Je traverse donc ce pont remarquable, et me retrouve ainsi à grimper une falaise. La montée est abrupte, mais elle offre des vues incroyables sur la ville. Rapidement, je marche au cœur d’un bosquet.
Un monde sauvage qui se révèle
C’est à ce moment-là qu’une vision incroyable et inattendue interrompt le flot de mes pensées. Deux faons courant et jouant ensemble entre les arbres apparaissent devant moi. Me voilà littéralement figée tandis qu’eux ne semblent pas perturbés et continuent à s’amuser ainsi encore quelques instants.
C’est en ressentant le manque d’air que je m’aperçois que j’avais cessé de respirer face à cette scène qui m’est apparue telle un mirage. C’est donc émue que je reprends la route, et découvre une superbe vue sur le pont Valentré et la ville en contre bas. Une joie immense m’envahit, et je réalise à quel point cette matinée paraît être annonciatrice d’une journée idyllique.
La traversée de villages pittoresques
Labastide-Marnhac
Mes deux jours de randonnées sur le tronçon Cahors – Montlauzun ont continué sous les plus beaux hospices : un soleil radieux et des paysages sublimes. Ainsi, j’ai eu la chance de découvrir de ravissants petits villages caractéristiques du Quercy Blanc.
Je pense tout d’abord à Labastide-Marnhac et son château aux divers styles architecturaux situé dans un superbe écrin de verdure.
Lascabanes
Ou encore Lascabanes, qui m’est apparu comme la représentation même du village typique français, avec ses belles maisons de pierres blanches aux façades fleuries, et son allée de platanes menant à l’église du village. Là-bas j’ai particulièrement apprécié l’ancien presbytère, bâtisse pleine de caractère devenue gîte d’étape, qui m’est apparu comme un petit coin de paradis propice au calme et à la détente.
Montcuq-en-Quercy-Blanc
Enfin, j’avoue avoir eu un coup de cœur pour Montcuq, village surprenant non pas pour son nom, mais pour sa beauté ivoire. Ici, tout appelle à se poser afin de déguster les petits plaisirs de la vie : une grenadine rafraîchissante dans un des cafés ombragés de la place centrale, la sensation d’étourdissement engendré par l’observation de son donjon imposant, une balade dans les ruelles pleines de charme au style d’antan...
Des merveilles insoupçonnées au coeur d'une forêt dense
Un autre élément que j’ai particulièrement apprécié au cours de ces deux jours de promenade, c’est la traversée des bois avant d’arriver à Montcuq. En effet, avant d’atteindre le village tant attendu, il faut parcourir une magnifique forêt au feuillage émeraude.
Des blocs de pierre imposants
A peine je foule les pas sous les premières frondaisons qu’une merveilleuse surprise fait son apparition : de superbes rochers d’une taille impressionnante se dressent devant moi. Ces monumentaux blocs de pierre sont particulièrement surprenants car à aucun moment je n’aurai imaginé retrouver des rochers d’une telle taille sur ce chemin. Cette découverte diffuse en moi la sensation d’être minuscule au cœur de cette nature imposante.
La fontaine aux merveilles
Mon ébahissement se poursuit ensuite lorsque, suffocante de par la chaleur ambiante, des bruits de clapotis parviennent peu à peu à mes oreilles. Apparaît alors une merveilleuse fontaine à l’eau cristalline m’invitant à me rafraîchir le visage. Lorsque je me penche pour plonger mes mains dans cette eau limpide, je m’aperçois qu’une dizaine de grenouilles vertes y ont élu domicile. Je m’amuse alors quelques instants à essayer de retrouver l’ensemble des amphibiens, dont la couleur se fond particulièrement bien dans ce tableau digne d’une peinture de Monet.
Repousser ses limites... avec joie !
J’ai un secret à vous avouer : je ne suis pas une grande sportive, et la randonnée est une activité relativement nouvelle pour moi. En parcourant ce chemin, je ne savais pas à quoi m’attendre. Jusqu’où pouvais-je aller ? Au bout de combien de kilomètres allais-je capituler ?
La dernière étape effectuée sur ce tronçon du sud du Lot m’a permis de tester mes limites : au total, 30 kilomètres m’attendaient en ce dernier jour de périple. Je dois vous le dire, cette étape n’est pas vraiment plate ! J’ai démarré ce tronçon par une sublime montée à flanc de falaise ; et lorsque j’aperçus de loin Montlauzun (qui était mon point d’arrivée), je compris immédiatement la raison du mot « Mont » dans le nom de ce village ! Ainsi, mon périple se terminerait en beauté.
Le dépassement de soi
Il faisait chaud, très chaud, certes. Mes jambes paraissaient lourdes, soit. Mes pieds étaient douloureux, assurément. Mais j’étais bien décidée à terminer ce tronçon, à me prouver que je pouvais marcher 30 kilomètres sur une journée. Je grimpai alors cette fameuse colline annonciatrice de la fin de mon périple.
A chaque pas son importance
Un pas après l’autre, c’est tout ce qui importe. Cet instant d’effort m’a ainsi offert un cadeau précieux : la valeur du moment présent. En effet, à la fin de cette randonnée où l’épuisement préoccupe nos pensées, la seule chose qui compte c’est LE pas de plus menant au sommet. Ainsi, en me concentrant sur chacun de mes pas un à un, sans m’étourdir par toute la distance qu’il me restait à parcourir, j’y suis parvenue ! Me voilà arrivée en haut du village de Montlauzun !
C’est donc sur ce sentiment de victoire, d’émotion et de joie intenses que s’est achevé mon escapade sur le GR65 en Vallée du Lot. Je me sens profondément reconnaissante envers moi-même d’avoir pris la décision de partir. En effet, si je ne l’avais pas fait, jamais je n’aurai pu vivre tout ce que j’ai vécu : des rencontres incroyables qui m’ont bouleversées au plus profond de moi-même, la (re)découverte d’une vie simple et sans artifice, le développement d’une nouvelle perception de moi.