Ces deux monuments emblématiques de Cahors sont classés au patrimoine mondial de l’Unesco, au titre des Chemins de Saint-Jacques de Compostelle : le célèbre pont Valentré, construit au XIVème siècle et, bien sûr, la cathédrale Saint-Étienne, surplombant de son clocher et ses coupoles, les toits en tuiles typiques du centre historique. C’est la Via Podensis, partie du Puy-en-Velay, qui traverse cette partie du Lot et amène les pèlerins aux pieds du Pont Valentré. Ils partent de là ensuite vers Montcuq, Moissac et Saint-Jacques de Compostelle.
1119-2019 : la cathédrale fête ses 900 ans
Du haut de son clocher et de ses deux coupoles, la cathédrale de Cahors veille depuis plusieurs siècles sur ses habitants. La date officielle de sa construction est l'année 1119, lorsque le Pape Calixte II consacra son autel. Cet emblème de l’histoire de Cahors a donc fêté ses 900 ans en 2019...
Une cathédrale et son trésor : la Sainte-Coiffe du Christ
À l'instar des sanctuaires d'Argenteuil, Turin ou encore Oviedo, la cathédrale de Cahors abrite un objet à la valeur inestimable : la Sainte Coiffe du Christ.
Légende et histoire se mélangent : certains accordent son arrivée à Charlemagne qui aurait reçu la Sainte Coiffe de la fille d’un sultan maure, qui nourrissait le rêve de lier son empire au sien. D'autres disent qu'elle fut rapportée de Terre-Sainte au XIIème siècle par l’Evêque de Cahors, Géraud de Cardaillac, afin d’éviter qu’elle ne soit profanée par les Infidèles aux portes de Jérusalem.
Que l'on croie une version ou une autre, une seule chose est certaine : au même titre que le Saint-Suaire de Turin, la Sainte Coiffe est l’une des cinq reliques du Christ au moment de sa mise au tombeau.
Cette coiffe a la forme d’un bonnet de tissu, dont la fonction était de couvrir la tête du défunt depuis le front jusqu’à la nuque, s’allongeant sur les tempes et s’attachant sous le menton. Célèbre pour son supposé caractère miraculeux, elle était réputée guérir des maladies des yeux, sur lesquels elle avait été apposée.
Volée, puis retrouvée, menacée encore et cachée, elle sortit à nouveau à la vue de tous à l’occasion des 900 ans de la cathédrale. Elle est dorénavant magistralement installée dans sa chapelle, située à l’arrière du choeur de la cathédrale Saint-Etienne de Cahors.
Une histoire au long cours
Témoin de la prospérité de la ville à travers les siècles, la cathédrale est bâtie à l’époque romane à l’orée du XIIème siècle.
Le tympan nord
Tympan typique de la période romane, il est construit entre 1140 et 1160. Le portail constituait alors l’entrée principale de la cathédrale. En 1732, le portail nord fut muré au profit de la construction de la tribune intérieure de la cathédrale, jusqu’en 1840, date à laquelle il fut découvert à nouveau et avec lui, le tympan sculpté, puis restauré au début du XXème siècle.
Le tympan présente le Christ en majesté dans sa mandorle. C’est une Ascension du Christ, tandis que le martyr de St Étienne, 1er martyr chrétien, est évoqué tout autour. Sous le Christ, on compte 11 apôtres (Judas a disparu), autour de la Vierge Marie. On est dans la lignée de Saint-Sernin de Toulouse, Beaulieu ou Moissac, c’est-à-dire sous l’influence de l’abbaye de Cluny.
Le massif occidental
Il est de style gothique et sa construction aurait débuté dès le XIII ème siècle. L’évêque, au fait de sa gloire, veut montrer celle-ci en érigeant ce nouveau massif occidental. C’est sa manière de montrer sa puissance aux consuls de la ville, qui s’émancipent un peu trop à son goût. En choisissant le style gothique, il pose aussi un acte politique positif envers le Roi de France, dont c’est le style de prédilection.
Un décor peint est ajouté au XIVème siècle, dans les deux coupoles et le massif occidental. Celui du massif apparaîtra de nouveau à l’occasion de la restauration du buffet d’orgue à la moitié du XXème siècle, sous un enduit qui s’effrite : une frise de la genèse apparaît alors. Une des deux coupoles comporte encore ces décors peints, ceux de la seconde coupole étant trop abîmés pour être restaurés. La peinture de la coupole occidentale évoque la lapidation de Saint-Etienne.
Les vitraux
Au XXIème siècle, grâce à des techniques innovantes de superposition de verre sérigraphié, d’images de film, photos et tableaux anciens, se tisse une nouvelle page de l’art du vitrail dans les baies de la nef.
En 2000, la ville de Cahors lance un appel à projet, afin de réaliser les nouveaux vitraux de la cathédrale Saint-Etienne. C’est le projet de l’artiste Gérard Colin-Thiébaut, atelier de Franche, associé au maître verrier Pierre-Alain Parot, qui est choisi. Avec cette superposition iconographique, il a souhaité évoquer de manière originale l’accumulation de nos perceptions de l’histoire et de la foi à travers les siècles. C’est pourquoi, il a superposé des images d’époques différentes. Chacun interprètera le vitrail, selon ses propres connaissances, ses émotions et sa capacité à lire les différentes couches d’images.
Le cloître
Le XVIème siècle, quant à lui, l’enrichit de son cloître, havre de paix ouvert à la contemplation du visiteur. S’il est aujourd’hui un incontournable de la visite de la cathédrale, il fut long, très long à mettre en œuvre, de 1488-90 à… jamais, puisque les travaux sont arrêtés en 1553 : il manque les clés sculptées, les statues, le remplage et l’étage envisagé. Mais il conserve son charme, témoin du passage au style gothique flamboyant qu’il incarne, mais avec quelques détails introduisant la Renaissance toute jeune.
Le jardin du cloître
Un des 21 Jardins Secrets de la ville -labellisés « Jardin remarquable »- y est placé en son centre et complète cette impression d’instant suspendu que procure le cloître en toute saison. On l’appelle d’ailleurs le « Préau céleste » et il fait référence à la Vierge Marie par les couleurs utilisées, le bleu avec la lavande et le blanc avec des lys. L’ensemble est structuré par une multitude de buis, qui font l’objet de toute l’attention des jardiniers de la ville. Dans le cadre de l’événement Cahors Juin Jardins, des artistes contemporains se livrent ponctuellement à des interprétations de sa dimension mariale et religieuse.
Découvrir les secrets de la Cathédrale :
Des visites guidées sont organisées toute l’année par les guides-conférenciers de l’Office de Tourisme Cahors- Vallée du Lot. Ces visites guidées vous emmèneront dans les moindres recoins de la cathédrale, vous révèleront toute l’Histoire et les histoires de cette cathédrale en perpétuelle évolution, ses moments de gloire et ses instants d’oubli. Vous en profiterez pour visiter la ville médiévale de Cahors, qui a beaucoup aussi de ressources et richesses historiques pour nourrir votre curiosité.
Une cathédrale accessible :
Il est important de partager les plus beaux monuments et d’en donner l’accès à tous. C’est pourquoi des aménagements ont été réalisés, afin de permettre à tout public en mobilité réduite de visiter l’intérieur de la cathédrale. L’accès se fait par le portail nord : des instructions sur place précisent le mode d’emploi, très simple. On peut y accéder en autonomie, aux heures d’ouverture de la cathédrale.